Pourquoi pas .

Peut-être des pigeons de races  pour présenter à l’exposition , ou n’importe quels pigeons pour le plaisir des yeux et de la table, dans un cas comme l’autre les règles sont les mêmes et la découverte de la couleur des pigeonneaux est toujours un réel plaisir pour l’éleveur et toute la famille, l’éleveur ou l’éleveuse peut avoir une dizaine d’années.

Les pigeons comme tous les autres habitants de la basse-cour sont dit de   » Races  » lorsqu’ils sont issus d’une sélection rigoureuse obtenue par des croisements judicieux.

Il s’agit  de  concentrer sur chaque individu des qualités visuelles ( Taille, couleur, dessin ,forme de la tête et du plumage etc .. ou intrinsèques  ( Fécondité, vol , pour les pigeons voyageurs : endurance, sens de l’orientation etc .. au fil du temps tous ces paramètres ont été définis et déposés par écrit dans un    » Standard  » reconnu par toute la communauté Avicole.

Le but du jeu si l’ont peut dire  revient à chaque éleveur d’orienter les accouplements

de ses animaux pour se rapprocher au mieux de ce   »Standard  » . L’examen de ses animaux par un jury  au cours de l’exposition avicole  concrétise ses résultats par une note pour chaque animal, La meilleure note obtenue  est en général récompensée par une coupe et l’éleveur devient le propriétaire d’un champion dans sa catégorie.

L’élevage  de quelques pigeons n’altère pas le calme de l’environnement, les pigeons sont discrets et dorment la nuit, on peut les lâcher pour admirer leurs vols avec un dispositif qui contrôle les sorties et les retours. ils ne restent pas en permanence dehors

car les attaques  de rapaces sont à craindre.

Quelques réflexions :

Les pigeons sont de la familles des  Biset de roche, ( Colomba livia ) rien à voir avec les pigeons ramiers et autres palombes.

Mœurs

Il se nourrit au sol, il vit en couple qui ne se désunit pas, (monogame) sauf incident ou contraint.

Après des parades amoureuses et l’accouplement, la femelle pond 2 œufs à  2 jours d’intervalles,

La couvaison commence après la ponte du second œuf et dure 18 jours, en alternance par les 2 parents, la pigeonne  du milieu de l’après midi jusqu’en fin de matinée, le male lui succède  pour qu’elle puisse se nourrir et se détendre.

Les pigeonneaux éclosent à quelques heures d’intervalles. Ils sont recouverts d’un léger duvet et se nourrissent dans le bec des  deux parents d’une substance laiteuse (lait de jabot) que ces derniers déglutissent.

Ce lait de jabot, après une huitaine de jours se transforme en bouillie ou le pourcentage de graines augmente progressivement et vers 3 semaines la mixture est uniquement composée de graines, d’eau et de grit  (gravier) celui-ci sert de concasseur dans l’estomac du pigeon  (Le gésier )

Les pigeonneaux sont autonomes à  quatre semaines. Ils sont entièrement recouverts de plumes et font l’apprentissage du vol.

Ils atteignent la maturité sexuelle vers quatre mois suivant les races et la saison.

Le couple entreprend une nouvelle couvaison environ  3 semaines après la naissance

( Nécessité d’un deuxième nid )

Dans de bonnes conditions un couple reproduit une dizaine de fois par an. Le nombre de pigeonneaux viables obtenu varie de dix  à quinze.

Les pigeons adultes, comme tous les oiseaux renouvellent leur plumage entièrement (La mue) une fois par an de juin à novembre, les jeunes commencent leur  mue 3 mois après la naissance sauf en hiver.

Habitat

Le pigeonnier doit être abrité de la pluie et du vent.

Dans le cas d’un pigeonnier avec une face ouverte elle doit être orientée à l’Est ou au Sud autant que possible.

Dans le cas d’un pigeonnier fermé en plus d’une très bonne aération il doit y avoir obligatoirement une volière couverte ou non.

Dans tous les cas il est indispensable que les pigeons aient  accès aux rayons du soleil pour synthétiser la vitamines D3 qui participe à la croissance sinon rachitisme assuré et forte mortalité des jeunes .

Le nombre de pigeons ne doit pas dépasser 3 au mètre carré pigeonnier et volière compris. Il faut prévoir quelques m2 supplémentaires pour la future progénitures.

Il faut utiliser du grillage à mailles très fines et solides  qui ne permettent pas l’entrée des moineaux et autres prédateurs.

Il faut maîtriser l’accès des rongeurs ( souris, rats)  vecteurs des maladies.

Chaque couple doit disposer d’une case ou il est possible de mettre 2 nids à des niveaux différents si possible car la femelle couve de nouveau avec les jeunes encore au nid.

Le pigeon a l’habitude de se reposer légèrement couché sur le flanc, les doigts à plat, d’où la nécessité  de prévoir des reposoirs individuels, la planche de repos doit avoir au moins 5 cm de large, et être munie de séparations, l’intervalle entre 2 pigeons doit être de 30 cm au moins de façon qu’il n’y ait pas de bagarre. Il a un esprit de propriété, après quelques luttes chacun  trouvera sa place qu’il gardera jalousement.

Soins.

          –Nourriture

Le pigeon est granivore, il consomme des graines entières  et saines.

Ses préférences naturelles vont vers les légumineuses  (pois, féveroles, vesces) très énergétiques.

Sa nourriture de base en volière doit être composée d’un mélange de    blé  25% maïs 20 %  sorgho 15 %  vesce 15 %  pois 20 %  tournesol   5 %.

Il peut être complété par un apport parcimonieux en friandises : lin, chènevis, colza, lentilles. Il est également friand de verdure, salade, choux, etc. …

Un pigeon consomme  de 40 à 70 grammes de graines par jour.

L’alimentation unique en  céréales ( blé, maïs  ou orge  ) est  absolument à proscrire

La diversité de l’alimentation est indispensable pour couvrir les besoins en protéines, vitamines et sel minéraux nécessaires pour assurer une reproduction  soutenue.

La nourriture doit être distribuée dans une mangeoire collective, avec couvercle pour être protégée des souillures.

Les repas sont  donnés une ou deux fois par jour, une demi-heure après chaque repas les mangeoires devraient être vides sans graines autour.

  • Compléments minéraux.

En permanence tenir à disposition  et à l’abri des fientes, un mélange de granit, argile rouge, coquilles d’huîtres  concassées (Grit)  ou au minimum du sable de rivière renouvelé chaque semaine. Les petits silex  ou grit sont indispensables à la digestion.

Ajoutez un peu  de sel de mer à ce gravier 1 cuillère à soupe par 200g, veillez à ce qu’il ne soit pas souillé et qu’il reste sec. Habituez progressivement les pigeons à ce sel par de très petites quantités. Attention le sel pur est toxique pour les pigeons.

Après il faut qu’il n’en manque jamais. Le sel est indispensable à la vie ou utilisez les  blocs  sel du commerce.

Un apport de vitamines sous forme de complexe vitaminé peut être donné une fois par semaine surtout en période d’élevage.

            -Boissons

Le   pigeon  boit et même beaucoup d’eau fraîche et fraîchement servie, de préférence une eau de qualité, une eau du robinet. ,( 20 cl par jour en été)

Pas d’eau de récupération pluviale ou de puits. ( L’eau du robinet est  traitée contre les bactéries son PH est équilibré )

La boisson est mise à disposition dans des abreuvoirs siphoïdes transparents toujours  tenus  propres.

            -Bain

Une fois par semaine, mettre à disposition un bac de 10 cm  d’eau. On peut y ajouter un peu de poudre insecticide. Attention de ne pas transformer le pigeonnier en bourbier.

            -Bagues

Tous les pigeons de races, susceptibles d’être exposés, doivent être bagués

Le diamètre des bagues est en fonction de la race et variété de pigeons.

Les bagues sont obtenues auprès des clubs ou associations avicoles.

Toutes les bagues portent le sigle EE (Entente européenne) plus la lettre F (France) suivi d’un  N° alphanumérique et du diamètre de la bague.

Chaque bague est unique en Europe, toutes les bagues sont de la même couleur pour une année.

L’association qui a cédé les bagues aura enregistré vos coordonnées et tous les N° de bagues que vous aurez reçus.

Ces dispositions rentrent dans le cadre de la traçabilité  nationale.

Conseils pour débuter.

Se rapprocher de l’Association Avicole la plus proche. Le CAOD  fera l’affaire . Exposez au Président votre projet d’élevage, il saura vous orienter vers un  conseiller.

Votre démarche doit être celle d’un débutant en élevage de pigeons, par conséquent  vous devez apprendre et  en comprendre  les rudiments, sous peine d’aller aux devant de grandes désillusions, de pertes d’argent, et de passer à coté de votre passion.

Il existe à peu près 700 races de pigeons composées elles même de plusieurs variétés en couleurs, dessins ou structure. Toutes ces races sont décrites dans un recueil de fiches (Standard ) décrivant toutes les particularités de chaque race et variété (Le recueil est édité et tenu à jour par la société Nationale de Colombiculture SNC). Dans les Expositions Nationales on rencontre en général une cinquantaine de races  souvent représentées.

Le poids ( la masse) d’un pigeon varie suivant les races de 150 gr à plus d’un kilo pour les plus lourds. L’envergure, ailes déployées  atteint plus d’un mètre pour certains.

Certaines races ont les doigts emplumés, d’autres des frisures, des capuches, des mélanges de couleurs et autres particularités aussi attrayantes.

D’autres encore font des voltiges, roulades, et certains voyagent pour rentrer au pigeonnier.

Ceci pour démontrer que le choix est vaste, que la tentation est grande d’acquérir des oiseaux sur un coup de cœur.

Vous devez savoir que chaque  particularité impose des conditions d’élevage différentes,

Exemples :

  • -Les plus lourds volent très difficilement, s’ils sont mouillés  ils ne volent plus. Ils reproduisent moins, œufs cassés, jeunes écrasés.
  • -Les pigeons avec des plumes aux pattes nécessitent   un sol adapté, très sec, une litière renouvelée quasiment tous les jours.
  • -Les pigeons à dessin c’est à dire deux couleurs parfaitement séparées nécessite un effort de sélection dans la progéniture car le dessin  est plus ou moins reproductible. Sans sélection, les dessins se confondent et l’original  est perdu.

Pour bien débuter:

Vous devez acquérir  un couple de pigeons d’une race moyenne, de couleur homogène sans particularité de plumage  et de très bonne qualité. Les difficultés sont moindres pour un débutant, il faut déjà apprendre à élever des pigeons avant de se lancer dans les difficultés, surtout avec des races demandant une sélection impitoyable.

Dans une exposition choisir des sujets notés 95,96 ou 97  du même éleveur. Sinon ne faites pas l’achat et rechercher un éleveur ayant obtenu les meilleures notes dans la race convoitée et prenez contact avec lui (Son adresse se trouve dans le catalogue de l’exposition visitée ).

Achetez toujours un couple (ou deux suivant vos moyens), en achetant un couple (Environ 50 € en moyenne] vous  achetez une souche (Issue de la même famille, ne tenez pas compte des histoires de consanguinité). Quelque soit l’age, s’ils n’ont pas plus de 3 ans, de plus avec des pigeons adultes l’éleveur peut vous garantir le sexe des pigeons et leur capacité à reproduire.

Vous  renouvelez l’opération chez un autre éleveur en respectant les même principes.

En possession de deux couples d’origine différente vous pouvez en croisant la descendance créer votre propre souche.

Bien entendu vous devrez apprendre la sélection pour conserver à vos pigeons leurs caractéristiques telles que définies dans le standard de la race. La fiche standard que vous n’aurez pas oublié de vous procurer et lu sous toutes les coutures en inspectant vos pigeons.

La sélection.

Maître mot de tout élevage d’animaux de races pures, elle consiste à  écarter tous les sujets ne permettant pas de prolonger  la race ou la variété  dans les critères visuels définis  par le standard  ou intrinsèques quand il s’agit de la fécondité ou de la  résistance aux maladies et d’autres qualités sportives.

Pour les pigeonneaux il s’agit du passage  en cuisine et le plutôt possible  pour des raisons de qualité de viande  et d’économie de grain.

Exemple : un carneau rouge  ou jaune avec une plume blanche dans les ailes, inutile de le conserver, par ailleurs cela prouve que les parents eux même ne sont pas très purs.

Votre appartenance à une association avicole doit apporter une réponse à toutes vos interrogations, n’hésitez pas à poser des questions, à suivre des jugements et à présenter vos oiseaux aux expositions. Vous éliminerez tous les sujets qui n’auront pas obtenu une note supérieure à  93.

Pour imager la sélection, on peut comparer cela à un puzzle qu’il faut reconstituer.

On connaît l’image à reconstituer  = Le standard.

La difficulté  = le nombre de pièce = les aspects de la race.

Lorsque vous achetez des animaux d’élevages différents vous ne connaissez pas le nombre de pièces et vous ne savez pas si vous avez la totalité.

Lorsque au pire vous croisez des animaux de races différentes, cela équivaut à reconstituer le puzzle de la carte de France et le  puzzle de l’Italie mélangés avec 10  tours de jeu par an ce qui correspond à 10 nichées, même avec 2 jeunes dans le nid le siècle ne suffit pas à  retrouver  l’image d’origine de chaque animal acheté , vous ne pouvez pas , vous ne pouvez plus retrouver ce que l’humanité a mis 6000 ans à créer  depuis  le début de la sélection animale .

Et maintenant bon courage et bonne satisfaction.

Roger BEAUDOUIN

Juge Colombicole